Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/223

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Il y eut entre nous un long silence. Elle s’était calmée et se remit à parler en souriant :

— Comme vous vous moqueriez de moi, si vous saviez… si vous saviez comment je passe mes soirée… quand il fait beau !… Je me fais honte et pitié en même temps.

J’eus beau la prier, elle ne voulut point me dire ce qu’elle faisait ; alors je me levai pour partir.

Elle s’écria :

— Déjà !

Et, comme j’annonçais que je devais dîner à Monte-Carlo, elle demanda, avec timidité :

— Vous ne voulez pas dîner avec moi ? Cela me ferait beaucoup de plaisir.

J’acceptai tout de suite. Elle sonna, enchantée ; puis quand elle eut donné quelques ordres à la petite bonne, elle me fit visiter sa maison.

Une sorte de véranda vitrée, pleine d’arbustes, s’ouvrait sur la salle à manger et laissait voir d’un bout à l’autre la longue allée d’orangers, s’étendant jusqu’à la montagne. Un siège bas, caché sous les plantes, indiquait que la vieille actrice venait souvent s’asseoir là.

Puis nous allâmes dans le jardin regarder