Page:Œuvres complètes de Juvénal et de Perse, 1861.djvu/235

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était défendu par le dragon des Hespérides ou de la toison d'or ? D'ailleurs, l'homme dont je parle est honoré du vulgaire comme un habile artisan de fortune. Sous les mains d'un pareil ouvrier, les richesses vont toujours croissant. Oui, mais elles s'accroissent par tous les moyens, et notre forgeron ne quitte pas un instant le soufflet et l'enclume. Ainsi, croyant qu'il n'y a de vraiment satisfait que le coeur de l'avare, adorateur de la fortune ; convaincu que la pauvreté heureuse est sans exemple, le père exhorte ses enfants à suivre la même route et à s'attacher aux mêmes principes.

Le vice aussi a ses préceptes : ce père impatient se hâte de les graver dans leur esprit, et les force d'apprendre les moindres détails de la lésinerie : bientôt il leur inspire l'insatiable désir d'amasser. Voyez-le châtier l'estomac de ses esclaves, et retrancher à la mesure de leurs aliments : voyez-le mourant de faim lui-même, respecter un morceau de pain noir et moisi. Au milieu de septembre, il réservera pour le lendemain les restes d'un hachis, et gardera pour un autre repas un plat de fèves d'été, ou les débris de quelque poisson avancé : il renfermera