Page:Œuvres complètes de Juvénal et de Perse, 1861.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un antidote que les pères et les rois doivent avaler avant chaque repas.

Voulez-vous un spectacle plus amusant que tous les jeux du cirque, que toutes les fêtes du plus magnifique de nos préteurs ; voyez les périls qu'affronte l'avarice pour accroître ses richesses, et pour remplir un coffre-fort qu'elle se promet de confier à la vigilance de Castor, depuis que Mars vengeur, incapable de garder son propre bien, s'est laissé dérober jusqu'à son casque. Laissons donc là les jeux de Flore, de Cérès et de Cybèle ; la vie humaine est une comédie bien plus attachante !

Est-il plus divertissant de voir des voltigeurs ou des danseurs de corde, qu'un homme habitant sans cesse la poupe d'un navire crétois, en butte à la fureur des vents, et cela pour rapporter, vil marchand, quelques drogues odoriférantes, ou quelques bouteilles d'un vin dont l'épaisse liqueur fut exprimée sur l'antique rivage qui vit naître Jupiter ? Ce malheureux, cependant, qui d'un pas incertain parcourt une corde tendue ne cherche qu'à se dé-fendre du froid et de la faim : toi, c'est pour posséder mille talents et cent maisons de plaisance que tu hasardes