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œuvres complètes de maximilien robespierre

À toi Robespierre,
À toi frère Leducq.
L’ami Robespierre
Boit de l’eau comme Astruc.
Est-il aiguière ?
Serait-il aqueduc ?
Ah ! cher Robespierre,
Imite-donc Leducq.


Il apparaît bien que notre récipiendaire était plus réservé que la plupart de ses collègues et qu’il buvait de moins larges rasades de vin rosé ; mais n’est-il pas excessif d’en conclure, avec M. A. J. Paris, qu’il « n’était doué d’aucune des qualités qui convenaient à un Rosati ?[1] » Une telle infériorité ne saurait nous faire oublier quelles conceptions originales s’était faites Maximilien Robespierre du but que, selon lui, cette société devait poursuivre. Les réunions bachiques ne pouvaient être qu’un prétexte à des travaux plus sérieux ; les Rosati, songeaient, du reste, à autre chose qu’à boire, à rire, ou à chanter ; à jours fixes, ils s’assemblaient entre collègues, pour discuter les plus importantes questions d’actualité, les écrits des philosophes, ceux de Jean-Jacques Rousseau en particulier, et aussi les moyens d’action laissés aux citoyens pour combattre les abus sans cesse renaissants et pour sortir d’une situation sociale intolérable…

Il n’apparaît pas que la société soit devenue, à aucun moment, un groupement politique s’occupant des réformes nécessaires, tel que Robespierre l’avait rêvé ; sa pensée, cependant, se fait jour dans le discours qu’il prononça, lors de la réception d’un de ses collègues, discours que nous avons publié d’autre part ; l’auteur estime que les raisons d’accepter le récipiendaire, au sein de la compagnie, sont moins ses talents et son amabilité, que son âme noble et élevée faite pour connaître l’amitié ; on l’accueille surtout parce qu’on a prévu qu’il était capable d’aimer ses frères

  1. A. J. Paris, la Jeunesse de Robespierre, p. 177.