aimable des poetes : quoiqu’aucun lien ne m’ait attaché à lui, mon zele ne le cédera point au votre ; pour chérir sa mémoire, ne suffit-il pas d’avoir lu ses écrits ; d’avoir entendu parler de ses vertus ?
Ô Gresset, tu fus un grand poete. Tu fis beaucoup plus, tu fus un homme de bien ; en vantant tes ouvrages, je ne serai point obligé de détourner mes yeux de ta conduite ; la religion et la vertu ne s’indigneront pas contre les éloges donnés à tes talens. Heureux l’écrivain qui, comme toi, sçait toujours les respecter et les suivre, — et marquer leur auguste empreinte dans sa vie comme dans ses ouvrages !
Gresset entra de bonne heure dans cette société célèbre qui avait instruit sa jeunesse, et qui sembloit offrir une si douce retraite aux hommes épris des charmes de l’étude et des lettres. Ce fut dans l’ombre d’un cloitre que se forma le poète des Graces.
La voix publique lui a déféré ce titre, qui suffiroit seul, pour lui assurer le rang le plus distingué dans l’empire des muses.
Tous les ouvrages qui portent le caractère du génie semblent donner à leurs autheurs un droit égal aux hommages de la postérité. Les muses partagent leurs présens entre leurs favoris ; les couronnes quelles leur décernent sont différentes ; il est difficile de décider quelles sont les plus brillantes ; les Sophocles, les Théocrites ; les Tibulles, les Virgiles ; les Corneilles ; les la fontaines, entrent ensemble au temple de l’immortalité ; les roses qui couronnent Anacréon ne sont pas moins durables que les lauriers qui ceignent le front d’Homere ; et si le grand caractère de ces poètes majestueux dont la voix sublime osa chanter les héros et les dieux, impose plus de respect à la postérité ; elle semble aussi sourire avec un plus doux sentiment de plaisir à ces poètes aimables que les ris et les grâces ont inspirés.
Mais à combien peu de mortels elles daignent accorder cette faveur ! en vain un peuple de rimeurs ose se croire né pour jouer avec elles ; ils inondent le public de leurs pro-