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Les discours de Robespierre

que j’avais commencé à développer. Nous sommes instruits qu’ils sont payés par les ennemis de la Révolution pour déshonorer le gouvernement révolutionnaire en lui-même et pour calomnier les représentants du peuple dont les tyrans ont ordonné la perte. Par exemple, quand les victimes de leur perversité se plaignent, ils s’excusent en leur disant : C’est Robespierre qui le veut ; nous ne pouvons pas nous en dispenser. Les infâmes disciples d’Hébert tenaient jadis le même langage dans le temps où je les dénonçais ; ils se disaient mes amis ; ensuite, ils m’ont déclaré convaincu de modérantisme ; c’est encore la même espèce de contre-révolutionnaires qui persécute le patriotisme. Jusqu’à quand l’honneur des citoyens et la dignité de la Convention seront-ils à la merci de ces hommes-là ? Mais le trait que je viens de citer n’est qu’une branche du système de persécution plus vaste dont je suis l’objet. En développant cette accusation de dictature mise à l’ordre du jour par les tyrans, on s’est attaché à me charger de toutes leurs iniquités, de tous les torts de la fortune ou de toutes les rigueurs commandées par le salut de la patrie[1]. On disait aux nobles : C’est lui seul qui vous a proscrits ; on disait en même temps aux patriotes : Il veut sauver les nobles ; on disait aux prêtres : C’est lui seul qui vous poursuit ; sans lui vous seriez paisibles et triomphants ; on disait aux fanatiques : C’est lui qui détruit la religion ; on disait aux patriotes persécutés : C’est lui qui l’a ordonné ou qui ne veut pas l’empêcher. On me renvoyait toutes les plaintes dont je ne pouvais faire cesser les causes, en disant : Votre sort dépend de lui seul. Des hommes apostés dans les lieux publics propageaient chaque jour ce système ; il y en avait dans le lieu des séances du Tribunal révolutionnaire, dans les lieux où les ennemis de la patrie expient leurs forfaits ; ils disaient : Voilà des malheureux condamnés ; qui est-ce qui en est la cause ? Robespierre. On s’est attaché particulièrement à prouver que le Tribunal révolutionnaire était un tribunal de sang, créé par moi seul, et que je maîtrisais absolument pour faire égorger tous les gens de bien et même tous les fripons, car on voulait me susciter des ennemis de tous les genres. Ce cri retentissait dans toutes les prisons ; ce plan de proscription était exécuté à la fois dans tous les départements par les émissaires de la tyrannie. Ce n’est pas tout ; on a proposé dans ces derniers temps des projets de finance qui m’ont paru calculés pour désoler

  1. Lignes raturées : « La liberté publique est violée, quand les ennemis du peuple français peuvent réduire ses représentants à l’impuissance de défendre ses intérêts ; or je déclare en votre présence que je me suis vu réduit à cette impuissance ; je déclare que je me suis vu forcé depuis quelque temps à abandonner les fonctions que la Convention nationale m’avait confiées. Je demande que chacun de mes collègues se rende compte à lui-même de la manière dont il serait affecté, si le gouvernement se liguait avec tous les ennemis de la Révolution pour le rendre seul responsable de tous les crimes et de toutes les erreurs qui se commettent dans la République et de tous les maux qui affligent les individus. » (Note orig).