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Les discours de Robespierre

Sous le faux nom de jugements du Tribunal révolutionnaire. Je puis ajouter que ce passage est l’analyse des proclamations faites par les princes coalisés et les journaux étrangers à la solde des rois, qui par cette voie semblent donner tous les jours le mot d’ordre à tous les conjurés de l’intérieur. Je ne citerai que ce passage de l’un des plus accrédités de ces écrivains[1].

Je puis donc répondre que les auteurs de ce plan de calomnies sont d’abord le duc d’York, M. Pitt, et tous les tyrans armés contre nous. Qui ensuite ?… Ah ! je n’ose les nommer dans ce moment et dans ce lieu ; je ne puis me résoudre à déchirer entièrement le voile qui couvre ce profond mystère d’iniquités ; mais ce que je puis affirmer positivement, c’est que, parmi les auteurs de cette trame, sont les agents de ce système de corruption et d’extravagance, le plus puissant de tous les moyens inventés par l’étranger pour perdre la République, sont les apôtres impurs de l’athéisme et de l’immoralité dont il est la base.

C’est une circonstance bien remarquable que votre décret du … [2], qui raffermit les bases ébranlées de la morale publique, fut le signal d’un accès de fureur des ennemis de la République ; c’est de cette époque que datent les assassinats et les nouvelles calomnies, plus criminelles que les assassinats. Les tyrans sentaient qu’ils avaient une défaite décisive à réparer. La proclamation solennelle de vos véritables principes détruisit en un jour les fruits de plusieurs années d’intrigues. Les tyrans triomphaient, le peuple français était placé entre la famine et l’athéisme, plus odieux que la famine. Le peuple peut supporter la faim, mais non le crime ; le peuple sait tout sacrifier, excepté ses vertus. La tyrannie n’avait pas encore fait cet outrage à la nature humaine, de lui faire une honte de la morale et un devoir de la dépravation ; les plus vils des conspirateurs l’avaient réservé au peuple français dans sa gloire et dans sa puissance. La tyrannie n’avait demandé aux hommes que leurs biens et leur vie ; ceux-ci nous demandaient jusqu’à nos consciences ; d’une main ils nous présentaient tous les maux, et de l’autre ils nous arrachaient l’espérance. L’athéisme, escorté de tous les crimes, versait sur le peuple le deuil et le désespoir, et sur la représentation nationale les soupçons, le mépris et l’opprobre. Une juste indignation, comprimée par la terreur, fermentait sourdement dans tous les cœurs ; une éruption terrible, inévitable, bouillonnait dans les entrailles du volcan, tandis que de petits philosophes jouaient stupidement sur sa cime avec de grands scélérats. Telle était la situation de la République, que, soit

  1. La Commission a cherché inutilement dans les papiers de Robespierre le journal dont il cite un passage. (Note orig.)
  2. En blanc dans le texte. Il s’agit du décret du 18 floréal.