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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/362

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entrepris de célébrer dignement l’Amour, et qu’on ait oublié un si grand dieu ? Pour moi, continua Éryximaque, j’approuve l’indignation de Phèdre. Je veux donc payer mon tribut à l’Amour, et me le rendre favorable. Il me semble en même temps qu’il siérait très-bien à une compagnie telle que la nôtre d’honorer ce dieu. Si cela vous plaît, il ne faut point chercher d’autre sujet de conversation. Chacun improvisera de son mieux un discours à la louange de l’Amour. On fera le tour de gauche à droite. Ainsi Phèdre parlera le premier ; d’abord parce que c’est son rang, ensuite parce qu’il est l’auteur de la proposition que je vous fais. — Je ne doute pas, Éryximaque, dit Socrate, que ton avis ne passe tout d’une voix. Ce n’est pas moi, du moins, qui le combattrai, moi qui fais profession de ne savoir que l’amour. Ce n’est pas non plus Agathon, ni Pausanias, ni Aristophane assurément, lui qui est tout dévoué à Bacchus et à Vénus. Je puis également répondre du reste de la compagnie, quoique, à dire vrai, la partie ne soit pas égale pour nous autres, qui sommes assis les derniers. En tout cas, si ceux qui nous précèdent font bien leur devoir et épuisent la matière, nous en serons quittes pour donner notre approbation. Que Phèdre commence donc sous d’heureux auspices, et qu’il loue l’Amour.

Le sentiment de Socrate fut unanimement adopté. Vous rendre ici mot pour mot tous les discours que l’on prononça, c’est ce que vous ne devez pas attendre de moi ; Aristodème, de qui je les tiens, n’ayant pu me les rapporter si parfaitement, et moi-même