quand, pour montrer quelles gens peuvent être amis, ils affirment que c’est Dieu même qui les rend amis, en les poussant l’un vers l’autre. Voici, je crois, comme ils ont exprimé cette pensée :
Un Dieu conduit toujours le semblable vers son semblable »
et le lui fait connaître. N’as-tu pas lu ce vers quelque part ?
— Si, répondit-il.
— As-tu lu aussi les écrits de ces grands savants qui disent exactement la même chose, à savoir que le semblable est nécessairement toujours ami du semblable ? Ces savants sont ceux qui traitent de la nature et de l’univers dans leurs entretiens et dans leurs écrits.
— Tu dis vrai, répondit-il.
— Eh bien ! dis-je, ont-ils raison ?
— Peut-être, dit-il.
— Peut-être, repris-je, n’ont-ils raison qu’à moitié, peut-être ont-ils raison entièrement ; en ce cas nous ne les comprendrions pas ; car il nous semble à nous que le méchant est l’ennemi du méchant, et cela d’autant plus qu’il l’approche de plus près et le fréquente davantage ; car le méchant fait du mal, et il est impossible que ceux qui font du mal et ceux qui en pâtissent soient amis. N’est-ce pas exact ?
— Si, dit-il.
— Ainsi donc la moitié de leur assertion est fausse, s’il est vrai que les méchants soient semblables entre eux.
— Tu as raison.
— Mais peut-être veulent-ils dire que les bons sont semblables aux bons et amis entre eux, mais que les méchants, comme on le dit aussi d’eux, ne sont pas même semblables à eux-mêmes, mais sont changeants et inconsistants ; or ce qui est dissemblable et différent de soi-même ne saurait guère être semblable à un autre ou l’ami d’un autre. N’est-ce pas aussi ton avis ?
— C’est mon avis, dit-il.
— Ainsi donc, mon cher, quand on dit que le semblable