Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/151

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passent leur vieillesse au milieu des festins, esclaves de leur ventre et des appétits les plus honteux : qu’ils nous laissent la sueur, la poussière, toutes les fatigues, à nous qui les trouvons mille fois plus douces que leurs orgies. Mais il n’en est point ainsi : ces hommes infâmes, après s’être souillés de toutes les turpitudes, cherchent à ravir aux gens de bien les récompenses de la vertu. Ainsi, par une monstrueuse injustice, la luxure et la lâcheté, ces détestables vices, ne nuisent point à ceux qui s’y complaisent, et perdent la république innocente de ces excès.

Maintenant que je leur ai répondu comme il convenait à mon caractère, et non pas à leurs honteux dérèglements, j’ajouterai quelques mots dans l’intérêt de l’État. Premièrement, Romains, ayez bonne opinion des affaires de la Numidie : car tout ce qui jusqu’à présent a fait l’appui de Jugurtha, vous l’avez écarté, je veux dire l’avarice, l’impéritie, l’orgueil. De plus, vous avez là une armée qui connaît le pays, mais qui certes fut plus brave qu’heureuse, et dont une grande partie a été sacrifiée par l’avarice ou par la témérité des chefs. Vous donc, qui avez l’âge de la milice, joignez vos efforts aux miens, prenez en main la défense de la république ; que personne désormais ne soit intimidé par les malheurs que d’autres ont éprouvés ou par l’arrogance des généraux. Dans les marches, dans les combats, guide et compagnon de vos périls, je serai toujours avec vous : entre vous et moi tout sera commun. Et, je puis le dire, grâce à la protection des dieux, tout nous vient à point, le succès, le butin, la gloire. Lors même que