Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/158

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vine croyaient qu’il n’agissait que par l’inspiration des dieux. Ce succès obtenu, le consul marche rapidement vers d’autres villes ; quelques-unes, malgré la résistance des Numides, tombent en son pouvoir ; beaucoup d’autres, abandonnées par les habitants, qu’effrayait le désastre de Capsa, sont par ses ordres livrées aux flammes : partout il porte le carnage et la désolation.

Après s’être ainsi rendu maître de beaucoup de villes, la plupart sans coup férir, il forme une nouvelle entreprise, qui, sans offrir les mêmes dangers que la conquête de Capsa, n’en était pas moins difficile. Non loin du fleuve Mulucha, limite entre les États de Bocchus et ceux de Jugurtha, dans une plaine d’ailleurs unie, s’élevait, à une hauteur prodigieuse, un énorme rocher, dont le sommet était couronné par un château de médiocre grandeur, où l’on n’arrivait que par un sentier étroit : tout le reste du roc était de sa nature aussi escarpé que si la main de l’homme l’eût taillé à dessein. Dans ce château étaient les trésors du roi ; Marius employa donc tous ses efforts pour s’en emparer ; mais le hasard le servit mieux que ses prévisions. En effet, ce fort, suffisamment pourvu de troupes et d’armes, renfermait beaucoup de grains et une source d’eau vive. Les terrasses, les tours, et les autres machines de siège ne pouvaient être dressées sur un semblable emplacement. Le chemin conduisant au château était fort étroit, et de tous côtés coupé à pic : c’était avec un grand péril et sans nul avantage qu’on mettait en jeu les mantelets ; car, pour peu qu’on les approchât de la place, ils étaient détruits à coups de pierres ou par la flamme ; nos soldats ne pouvaient, vu l’escarpement du