Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

terrain, se tenir en avant des ouvrages, ni travailler sans danger sous les mantelets. Les plus entreprenants étaient tués ou blessés, les autres perdaient courage.

XCIII. Cependant Marius, après bien des journées perdues en travaux inutiles, tombe dans la perplexité : renoncera-t-il à une entreprise jusqu’à présent sans résultat ? ou se reposera-t-il sur la fortune, qui tant de fois l’a si heureusement servi ? Il passe ainsi bien des jours et des nuits, travaillé par ces incertitudes. Enfin, un Ligurien (121), simple soldat des cohortes auxiliaires, sorti du camp pour chercher de l’eau, du côté de la citadelle opposé à celui de l’attaque, remarque par hasard des limaçons qui rampaient dans une crevasse du rocher. Il en ramasse un, puis deux, puis davantage, et guidé par le désir d’en trouver d’autres, il gravit insensiblement jusqu’au sommet de la montagne. Assuré que cet endroit était entièrement solitaire, il cède, penchant naturel à l’homme, à la curiosité d’observer des lieux inconnus. Là, par hasard, un grand chêne avait poussé ses racines dans les fentes du roc : sa tige, d’abord inclinée, s’était ensuite redressée, et élevée dans une direction verticale, selon la loi commune de tous les végétaux. Le Ligurien, s’appuyant tantôt sur les branches, tantôt sur les saillies du rocher, peut, à loisir, reconnaître l’esplanade du château : les Numides étaient tous occupés à se défendre contre les assiégeants.

Après avoir fait toutes ces remarques, qu’il comptait bientôt mettre à profit, il descend par le même chemin, non pas sans réflexion, comme il était monté, mais en sondant le terrain, et