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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/160

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en examinant toutes choses avec soin. Aussitôt il va trouver Marius, lui raconte ce qui lui est arrivé, l’exhorte à faire une tentative sur le château du côté par où il était descendu, et s’offre à servir lui-même de guide, à prendre la première part du péril. Marius envoie sur-le-champ, avec le Ligurien, quelques-uns de ceux qui étaient présents, pour s’assurer de la créance qu’on peut accorder aux promesses de cet homme. Chacun d’eux, selon son caractère, juge l’entreprise aisée ou difficile. Cependant le consul sent quelque peu se ranimer son espoir. Parmi les trompettes et les cors de l’armée, il choisit cinq hommes des plus agiles, et leur adjoint, pour les soutenir, quatre centurions. Tous reçoivent l’ordre d’obéir au Ligurien ; puis le jour suivant est fixé pour l’escalade.

XCIV. Au temps marqué, tout est disposé, préparé, et la petite troupe se dirige vers l’endroit convenu. Les centurions (122) d’ailleurs avaient, d’après l’avis de leur guide, quitté leurs armes et leurs insignes ; la tête découverte pour mieux voir, les pieds nus pour grimper plus facilement le long des rochers. A leur dos étaient attachés leur épée et leur bouclier fait de cuir, à la manière des Numides, afin que le poids en fût plus léger et le choc moins bruyant. Le Ligurien les précède : aux pointes de rochers et aux vieilles racines qui formaient saillie, il attache des nœuds coulants qui retiennent les soldats et les aident à gravir plus aisément ; quelquefois il donne la main à ceux qu’effraye une route si nouvelle ; quand la montée devient plus roide, il les fait passer devant lui l’un après l’autre, et désarmés ; puis il les suit en portant leurs armes. Aux pas qui