Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/223

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gratifier Sylla, donna et dédia au temple- de• Jupiter Capitolin des images de la Victoire, qui portaient des trophées, et- auprès d’elles l’image de Jugurtha, qu’il délivrait entre les mains dé Sylla ; le tout de fin or. Cela fit sortir Marins hors de soi, dé dépit et de jalousie qu’il en eut, ne pouvant supporter qu’un autre s’attribuât la gloire de ses faits, tellement qu’il était bien résolu d’abattre ces images-là et de les ôter par force. Sylla aussi, d’un autre côté, s’opiniâtrait à les vouloir maintenir au lieu où elles avaient été mises ; et il y en eut d’autres aussi qui se prirent à défendre la cause de Sylla : tellement que, pour la querelle de ces deux personnages, la ville était toute prête de tomber en grande combustion ; n’eût été que la guerre des alliés de l’Italie, qui de longtemps se couvait et fumait, s’enflamma tout à un coup contre la ville de Rome ; ce qui réprima un peu pour l’heure la sédition. » Valère-Maxime présente des détails analogues sur les causes de la haine de Marius et de Sylla : « Marius, selon cet auteur (liv. VIII, ch. xiv, n° 4,) lui en voulait surtout de l’affectation que mettait son rival à se servir du cachet sur lequel était gravée la scène qui avait terminé la guerre de Numidie. Toute la vie, Sylla voulut se servir de ce cachet pour la signature de ses lettres, quoiqu’il eût depuis fait tant de choses au prix desquelles celle-ci n’était rien. » Voyez ; sur ces faits, TITE-LIVE, Epitome LXVI ; Florus, liv. III, ch. I ; PLINE, liv. XXXVII, ch. IV.

(134). Quoique absent fut nommé consul.

Ce fut vers l’an 650 de Rome, un an après son premier consulat ; c’était une double infraction aux lois qui voulaient qu’un citoyen sollicitât le consulat en personne, et que dix ans s’écoulassent d’un premier consulat à l’autre. L’exemple du premier Scipion l’Africain, mais surtout le danger de la patrie, l’emporta sur l’autorité des lois et des usages (PLUTARQUE, Vie de Marius). Cicéron, dans le discours sur les provinces consulaires, rapporte que les plus grands ennemis de Marius, Crassus, Scaurus, et même les Metellus, furent d’avis de lui conférer cette dignité.

(135). Il triompha consul.

C’était la première fois qu’on voyait un Romain triompher le même jour qu’il prenait possession du consulat.

Ici Salluste termine la guerre de Numidie ; mais il nous laisse ignorer quel fut le sort de Jugurtha et celui de la Numidie. Plutar-