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CONJURATION DE CATILINA.

tomber sous leurs coups. Curius, voyant de quel danger est menacé Cicéron, lui fait aussitôt savoir par Fulvie le coup qui se prépare. Les conjurés, trouvant la porte fermée, en furent pour la honte d’avoir médité un forfait odieux. Cependant Mallius, dans l’Étrurie, excitait à la révolte le peuple, qui, par misère et par esprit de vengeance, désirait une révolution, ayant, sous la domination de Sylla, perdu ses terres et tous ses biens. Mallius ameuta en outre les brigands de toute espèce qui affluaient dans cette contrée, et quelques soldats des colonies de Sylla, auxquels la débauche et le luxe n’avaient rien laissé de leurs immenses rapines.

XXIX. À la nouvelle de ces mouvements, Cicéron, doublement inquiet, car il ne lui était plus possible par ses propres moyens de défendre plus longtemps Rome contre tous ces complots, et il n’avait pas de renseignements assez positifs sur la force et sur la destination de l’armée de Mallius, rend compte au sénat de ce qui n’était déjà que trop connu par la rumeur publique. Le sénat, se conformant à l’usage reçu dans les circonstances périlleuses, décrète que « les consuls prendront des mesures pour que la république n’éprouve aucun dommage (67) ». Cette puissance suprême que, d’après les institutions de Rome, le sénat confère au magistrat, consiste à lever des troupes, à faire la guerre, à contenir dans le devoir, par tous les moyens, les alliés et les citoyens, à exercer souverainement, tant à Rome qu’au dehors, l’autorité civile et militaire. Dans tout autre cas, sans l’ordre exprès du peuple, aucune de ces prérogatives n’est attribuée au consul.