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SALLUSTE.

XXX. Peu de jours après, le sénateur L. Sénius lut dans le sénat une lettre (68) qu’il dit lui avoir été apportée de Fésules. On lui mandait que, le sixième jour avant les calendes de novembre (69), Mallius avait pris les armes à la tête d’un nombre immense d’habitants. En même temps, comme il arrive d’ordinaire en de telles conjonctures, les uns annoncent des prodiges (70) ; d’autres, des rassemblements, des transports d’armes ; enfin que, dans Capoue et dans l’Apulie, on fomente une guerre d’esclaves. Un décret du sénat envoie donc Q. Marcius Rex (71) à Fésules, et Q. Metellus Creticus dans l’Apulie et dans les pays voisins. Ces deux généraux victorieux restaient aux portes de Rome, n’ayant pu encore obtenir les honneurs du triomphe, par les cabales de quelques hommes habitués à trafiquer de l’équité comme de l’injustice. D’un autre côté, sont envoyés à Capoue Q. Pompeius Rufus (72), et dans le Picénum Q. Metellus Céler (73), tous deux préteurs, avec l’autorisation « de lever une armée selon les circonstances et le danger ». On décrète en outre que « quiconque aura donné des indices sur la conjuration dirigée contre la république, recevra, s’il est esclave, la liberté et cent mille sesterces (74) ; s’il est libre, deux cent mille sesterces, avec sa grâce en cas de complicité » : on ordonne aussi que « les troupes de gladiateurs seront disséminées à Capoue et dans d’autres municipes, selon leur importance, et que dans Rome seront établis de toutes parts des postes commandés par des magistrats subalternes ».

XXXI. Ces dispositions répandent le trouble parmi les citoyens ; l’aspect de Rome n’est plus reconnaissable. À ces transports