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CONJURATION DE CATILINA

été attaqué devant le tribunal des concussions pour le supplice injuste d’un habitant de la Gaule transpadane ; Catulus, depuis ses démarches pour le pontificat, nourrissait cette haine ardente, en voyant qu’à la fin de sa carrière, et après avoir passé par les plus hautes dignités, il avait succombé dans sa lutte contre un tout jeune homme tel que César. L’occasion semblait favorable ; les immenses libéralités particulières de celui-ci et ses largesses publiques l’avaient prodigieusement endetté. Mais, ne pouvant déterminer le consul à une action si odieuse, eux-mêmes vont de proche en proche répandre cette imposture, qu’ils disent tenir de Volturcius ou des Allobroges, et excitent contre César des préventions si fortes, que plusieurs chevaliers romains, qui, pour la sûreté du sénat, étaient en armes autour du temple de la Concorde, poussés, soit par l’idée du péril, soit par le noble désir de faire éclater leur zèle pour la patrie, menacèrent César de leurs épées lorsqu’il sortit de l’assemblée du sénat.

L. Tandis que ces délibérations occupent le sénat, et qu’on décerne des récompenses aux ambassadeurs allobroges, ainsi qu’à Titus Volturcius, dont les dépositions avaient été reconnues vraies, les affranchis de Lentulus, et un petit nombre de ses clients, allaient, chacun de son côté, exciter dans les rues les artisans et les esclaves à venir le délivrer : quelques-uns cherchaient avec empressement ces meneurs de la multitude, qui, pour de l’argent, étaient toujours prêts à troubler l’état. De son côté, Cethegus, par des émissaires, sollicitait ses esclaves et ses affranchis, troupe d’élite exercée aux coups d’audace, pour qu’en masse et avec des armes ils se fissent jour jusqu’à lui.