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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/330

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dignités que plusieurs avaient obtenues par de coupables moyens, mais aussi pour connaître à fond l’état de la république sous le rapport civil et militaire, la force de ses armées, de sa population, et l’étendue de ses ressources.

Préoccupé donc de ces idées, j’ai cru devoir faire au dévouement que vous m’inspirez le sacrifice de ma réputation et de mon amour-propre, et tout risquer, si je puis ainsi contribuer en quelque chose à votre gloire. Et ce n’est point légèrement, ni séduit par l’éclat de votre fortune, que j’ai conçu ce dessein, c’est qu’entre toutes les qualités qui sont en vous, j’en ai reconnu une vraiment admirable : cette grandeur d’âme qui, dans l’adversité, brille toujours chez vous avec plus d’éclat qu’au sein de la prospérité (4). Mais, au nom des dieux, votre magnanimité est assez connue, et les hommes seront plutôt las de vous payer un tribut de louanges et d’admiration, que vous de faire des actions glorieuses.

II. J’ai reconnu, en effet, qu’il n’est point de pensée si profonde, que chez vous un instant de réflexion ne fasse aussitôt jaillir ; et, si je vous expose mes idées en politique, ce n’est pas avec une confiance présomptueuse dans ma sagesse ou dans mes lumières ; mais j’ai pensé que, au milieu des travaux de la guerre, au milieu des combats, des victoires et des soins du commandement, il serait utile d’appeler votre attention sur l’administration intérieure de Rome. Car, si vos projets se bornaient à vous garantir des attaques de vos ennemis et à défendre contre un consul malveillant (5) les bienfaits du peuple, ce serait une pensée trop au-dessous de votre grande âme. Mais,