Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cornéliennes : c’était remettre les factions en présence, c’était vouloir plonger dans de nouveaux désordres

xxxii.

La république, à peine remise de ses guerres intestines.

Les tribuns, dont il prétendait faire revivre les prérogatives, les fils des proscrits, à qui il promettait la restitution de leurs biens, les alliés, qu’il voulait rappeler à l’exercice du droit de cité romaine, avaient intérêt à soutenir Lepidus de tous leurs efforts ; son caractère personnel attirait à lui tous les gens qui à Rome avaient vécu de désordres et de séditions, jusqu’au moment où la main puissante de Sylla les avait forcés à l’inaction. À la tête des adhérents du factieux consul, on distinguait Cethegus, qui, bien qu’issu d’une des premières familles de Rome,

xxxiii.

Avait néanmoins, dès sa jeunesse, exercé les violences les plus graves contre des citoyens recommandables.

Cependant Lepidus allait trouver un adversaire redoutable dans son collègue Catulus, qui,

xxxiv.

Au milieu des guerres civiles, n’avait cherché que la réputation d’homme juste et de bon citoyen.

Malheureusement, la plupart des sénateurs n’opposaient qu’une timide réprobation aux projets d’un consul qui, oubliant qu’il était le chef du sénat, descendait au rôle de tribun du peuple. Plusieurs même faisaient à Lepidus un mérite de sa conduite, et, tenant la balance égale entre lui et Catulus, prétendaient que

xxxv.

Octavius et Cépion avaient agi de même sans avoir trompé l’attente de personne, ni encouru le blâme public :

Octavius, lorsque malgré son caractère de tribun il avait engagé le peuple à renoncer aux distributions de vivres que lui avait fait accorder Tib. Gracchus ; et Cépion, lorsqu’en dépit de sa naissance patricienne il avait empêché Livius Drusus de