Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/383

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transférer la puissance judiciaire de l’ordre équestre à l’ordre sénatorial.

Ce partage des opinions, au sujet de Lepidus, entraîna le sénat dans des mesures imprudentes. Sous prétexte que la haine mutuelle des deux consuls allait engendrer la guerre civile, on leur fit jurer qu’ils ne prendraient pas les armes l’un contre l’autre ; on crut urgent de les éloigner de Rome, et on ne put le faire qu’en leur assignant les provinces proconsulaires,

xxxvi.

Afin que Lepidus et Catulus, munis du décret qui leur accordait une armée à chacun, partissent le plus tôt possible.

Catulus, à qui le sort avait assigné l’Italie, était disposé à tenir son serment ; mais Lepidus, au lieu de se rendre directement dans la Gaule Cisalpine, sa province, parcourut l’Étrurie, où les restes du parti de Marius étaient encore en force. Là il vit accourir autour de lui tous les proscrits échappés aux sicaires de Sylla,

xxxvii.

Qui erraient sans avoir aucun lieu d’exil déterminé.

De tous côtés il levait, empruntait de l’argent, et

xxxviii.

De cet argent il se fit une armée.

La confiance qu’il inspirait aux anciens partisans de Marius était loin d’être générale : plusieurs, pour le succès de leur entreprise,

xxxix.

Demandaient encore un chef, tandis que les autres, fauteurs de la même cause, croyant l’avoir trouvé, s’excitaient joyeusement à la guerre.

Le sénat ne crut pas encore devoir employer des mesures énergiques contre Lepidus, et le rappela à Rome pour tenir les comices consulaires ; mais Lepidus,

xl.

Pressentant les véritables dispositions du sénat,