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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/391

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lix.

Prit, sur une hauteur, un avantage de position peu séant pour un vainqueur.

Le sénat, rassuré sur l’issue prochaine de cette guerre, s’occupa de l’élection des consuls. Junius fut élu le premier ; mais, quand on passa au scrutin pour la seconde place, les premières centuries donnèrent leurs suffrages à Mamercus Emilius ; les suivantes, au contraire, avant d’avoir voté, se déclarèrent d’avance pour Curion ; alors l’interroi Appius, qui présidait l’assemblée,

lx.

Pria Curion, qui était le plus jeune, puisque les suffrages n’étaient pas encore ouverts en sa faveur, d’avoir cette déférence pour l’âge de Mamercus.

Curion se désista, et Mamercus fut élu.

Cependant un combat se livra devant Cosa entre Lepidus et Catulus. Lepidus eut d’abord l’avantage ; mais Pompée, qui revenait en ce moment de la Gaule, lui arracha la victoire, et le contraignit de fuir en Sardaigne. Là, il espérait, en interceptant tous les convois, fatiguer par la disette le peuple romain ; mais le propréteur Valerius Triarius défendit vaillamment sa province, et Lepidus, partout repoussé, tomba malade de fatigue et de chagrin. Une disgrâce domestique vint encore aggraver ses peines. Parmi les lettres qu’on lui apporta d’Italie, il s’en trouva une qu’Apuleia, sa femme, écrivait à son amant, et dans laquelle, pour obtenir de lui un service important, elle lui disait

lxi.

Qu’après toutes les faveurs qu’elle lui avait accordées il ne pouvait rien lui refuser.

Elle s’exprimait ensuite sur son époux de la manière la plus injurieuse :

lxii.

C’était un vrai sot, non-seulement aux yeux de sa femme, mais au dire de toutes les autres.

Cette lettre donna, pour ainsi dire, à Lepidus le coup de la mort. On le vit,