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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/392

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lxiii.

Comme saisi d’un soudain accablement, perdre tout à coup la faculté de parler, d’entendre et de penser.

Il s’empressa d’envoyer des lettres de divorce à son épouse coupable, et, dès lors ayant perdu le peu qu’il avait montré d’énergie, il parut moins, en Sardaigne, un chef de parti qu’un fugitif. Conduit à Tharros, bourgade sur la rive occidentale de l’île, on refusa d’abord de le recevoir ; mais ses serviteurs firent une peinture si touchante de la situation de leur maître : ils rappelèrent si vivement les égards que méritaient sa naissance et sa dignité,

lxiv.

Enfin ils supplièrent tous les habitants avec tant d’instances, au nom des misères et des vicissitudes humaines,

que ceux-ci lui donnèrent asile dans leur ville, où il mourut au bout de peu de jours. Sa mort, qui ne causa les regrets de personne, n’entraîna pas la ruine totale de son parti. Perpenna, qui venait d’obtenir quelque succès en Sicile, se hâta de venir en Sardaigne recueillir les débris de l’armée de Lepidus.

On peut dès lors regarder la guerre civile comme terminée, du moins au centre de la république ; mais,

lxv.

Bien que Lepidus eût été chassé de l’Italie avec toutes ses forces, le sénat ne s’occupa pas moins activement de soins importants et multipliés.

lxvi.

En effet, l’Italie désolée par le brigandage, la fuite ou le massacre de ses habitants,

appelait toute sa sollicitude. Des nations barbares ne cessaient d’infester les frontières de la Macédoine, que Cicéron, pour cette raison, appelait une pépinière de triomphateurs.

lvii.

Toute l’Espagne Citérieure était en feu.

Les pirates de Cilicie parcouraient impunément toutes les