Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/401

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chemin, il ravitailla promptement la place. Metellus, qui dans son camp commençait à manquer de vivres, envoie à la provision Aquinus, un de ses lieutenants, avec six mille hommes. Sertorius forme la résolution de surprendre cet officier :

cxiv.

Il se place en embuscade dans un vallon couvert de broussailles et de bois.

La troupe d’Aquinus, attaquée à l’improviste, est mise en fuite, non sans perdre beaucoup de monde : le convoi est enlevé, et Metellus se voit contraint de lever le siège de Leucobrige. On peut juger de la joie des habitants lorsque, pour signal de départ,

cxv.

Par ordre de Metellus, les trompettes se firent entendre.

Ce nouvel avantage remporté par Sertorius redouble pour lui l’enthousiasme des Espagnols. Rien n’égale l’attachement de ces peuples pour leurs chefs :

cxvi.

Ils se dévouent pour les rois, et ne veulent pas leur survivre : tant, chez eux, est inné le respect pour le nom royal !

Sertorius fit l’épreuve de leur dévouement dans les revers qu’il dut éprouver. Ayant un jour été mis en fuite près d’une ville d’Espagne, les Romains le poursuivirent vivement. Harcelé par eux, il fait volte-face, se retranche de poste en poste,

cxvii.

Et, bien que plusieurs fois délogé, il ne perd pas courage.

Enfin arrivé, avec les siens, sous les murs de la ville,
cxviii.

Comme les portes retardaient l’écoulement de la foule, et que la terreur générale empêchait de se reconnaître et d’entendre le commandement, Sertorius, hissé sur les corps des valets d’armée, jusqu’au milieu de la muraille, fut porté au haut, sur les bras de ceux qui s’y trouvaient.