Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/453

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Viriate, car les Espagnols étaient dans l’habitude de le comparer au héros lusitanien, et souvent aussi à Annibal. Il fut plus humain envers les ennemis que le Carthaginois, moins téméraire que Pyrrhus ; mais, sous le rapport des exploits militaires, ne peut-on pas le mettre au-dessus de ces grands ennemis de Rome ?

CCCXIV.
Car enfin à Pyrrhus, à Annibal, la mer et la terre

fournissaient de puissants secours ; au lieu que Sertorius, jeté au milieu d’un peuple barbare, dont une partie obéissait à ses ennemis, n’avait de ressources que celles qu’il tirait de son génie. Sa mort opéra une révolution en faveur du parti des Romains. Perpenna devint un objet d’horreur. Pompée se mit à sa poursuite, l’atteignit sur les bords du Tage, et remporta sur lui une victoire peu disputée. Perpenna voulut, dans sa fuite, mettre le fleuve entre sa personne et l’ennemi ; mais à peine, avec quelques officiers, se fut-il engagé dans les flots, que

CCCXV.
Le Tage lui sembla se gonfler tout à coup.

Néanmoins ils purent passer à l’autre bord, mais ils y furent atteints par des cavaliers ennemis, qui ne se doutèrent point d’abord de l’importance de leur prisonnier ;

CCCXVI.
Et ce fut le muletier d’un entrepreneur de vivres qui, par hasard, reconnut Perpenna.

Conduit à Pompée, Perpenna lui offrit de lui montrer des lettres de grands personnages qui appelaient Sertorius en Italie. Pompée, par une généreuse politique, refusa ces honteuses communications, et fit mourir Perpenna.

CCCXVII.
Après y avoir vainement consumé trois années

contre les pirates qui recommençaient de plus belle leurs brigandages. On avait nommé, pour lui succéder, le consul

CCCXVIII.
Octavius, homme doux, et perclus des pieds