CDXIX. LETTRE DU ROI MITHRIDATE AU ROI ARSACE.
Le roi Mithridate au roi Arsace, salut.
Toute puissance qui, dans une situation prospère, est sollicitée- de prendre part à une guerre doit considérer. d abord s’il lui est possible de conserver la paix ; ensuite, si la guerre qu’on lui propose est légitime, sûre, glorieuse ou déshonorante. Si vous pouviez jouir d’une paix éternelle ; si vous n’aviez des ennemis aussi acharnés que faciles à vaincre ; si une gloire éclatante, après avoir accablé les Romains, ne devait être votre partage, je n’oserais réclamer votre alliance, et bien en vain je me -flatterais d’unir ma mauvaise fortune à votre prospérité. Cependant’ lés motifs mêmes qui sembleraient devoir vous ar-- rêter. Je ressentiment^que. vous a inspiré contre ..Tigrane une ;guerre_réW. cënte ; et jusqu’aux revers que j’ai éprouvés ; ces motifs, si vous voulez bien apprécierles choses, sont précisément ce qui= doit vous empêcher d’hésiter ; En effet, Tigrane, qui a des torts :à votre cgàrdv acceptera"votre T alliance telle que vous la lui prescrirez ; .et moi, la fôrtune.^quj ni’a Tait essuyer tant de pertes m’a donné cette expérience qui ajouté, du poids aux conseils ; et, chose si .désirable à ceux qui prospèrent, bien que très-peu puissant, je vous offre l’exemple de mieux aviser à vos intérêts. Gaiy pour les Romains, contre toutes les nations, contré tous les peuples, contre tous les rois, l’unique, .l’éternel motif de faire la guerre, est un ;désïr immodéré de la domination et des richesses ; voilà pourquoi ils ont, pour la première fois, pris les armes contre Philippe, roi de Macédoine. Pendant qu’ils étaient pressés parles Garthagiuois, on les -vit, sous les dehors de. l’amitié, faire à Antiochu’s, venant au secours de Philippe,- des concessions en Asie, qui le détachèrent frauduleusement de son allié. Plus lard, Philippe une’ fois asservi,