Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/483

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CDXXXIII.
« Que, en considération de ces exploits, on avait vu Sylla, dictateur de Rome vaincue, descendre de cheval, se lever de son siège, se découvrir, pour le seul Pompée. »

« Tant de gloire doit lui suffire, ajoutait Catulus ; car

CDXXXIV.
« Je vois bien des gens craindre l’éclat d’un nom fameux,

« non que de sa part il y ait aucun péril à redouter, mais il faut craindre l’enthousiasme irréfléchi de ses partisans, que nous voyons

CDXXXV.
« Jour et nuit travailler, se fatiguer,

« pour capter, en faveur de Pompée, le suffrage des tribuns :

CDXXXVI.
« Je vois, empressé d’arracher d’immenses concessions

« au peuple, le tribun Gabinius, qui ne songe qu’à rétablir sa fortune personnelle à la faveur de l’élévation de Pompée. Enfin, Romains, ce grand général a bien assez payé sa dette à la patrie ; craignez d’exposer, dans toutes les guerres, une tête si précieuse :

CDXXXVII.
« Car, s’il arrivait à Pompée quelque événement dans l’ordre des choses humaines,

« si vous veniez à le perdre, qui mettriez-vous à sa place ? — Vous, Catulus ! » s’écria le peuple tout d’une voix. À ces mots si flatteurs, Catulus ne put que se taire et se retirer. Après lui, ’ Hortensius parla dans le même sens, mais avec aussi peu de succès. Deux tribuns, Tremellius et Roscius, voulurent s’opposer à la loi de Gabinius ; mais le peuple les réduisit au silence par des cris, des menaces, et toutes les manifestations tumultueuses que

CDXXXVIII.
Le vulgaire se plaît à employer.

La loi passa, et l’on sait que Pompée, revêtu du proconsulat