Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/484

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des mers, justifia la loi Gabinia par le succès avec lequel., en soixante-dix jours, il détruisit les pirates sur toutes les mers de la domination romaine.

Ici se place la tentative du tribun Cornélius pour ôter au sénat le privilège d’exempter de la loi commune tout magistrat investi d’un pouvoir extraordinaire. Cette proposition émut profondément, le sénat. Le consul Pison suscita contre Cornélius le tribun Globulus, homme modéré, et par conséquent ennemi des innovations. Les chefs du sénat s’attachaient alors à opposer tribuns a tribuns pour arrêter, au profit de l’aristocratie, le nouvel essor de la puissance tribunitienne. En s’ouvrant à Globulus, Pison se garda bien de lui laisser entrevoir le fond de sa pensée ;

CDXXXIX.
Car de tels projets, faits pour bouleverser la république, n’auraient pas mis de son côté celui qu’il consultait.

Grâce à la division mise ainsi entre les tribuns, l’affaire se termina à l’avantage du sénat, et Cornélius, accusé du crime de lèse-majesté, ne dut son salut qu’à l’éloquence de Cicéron.

Au retour du printemps, Lucullus mit le siège devant Nisihe, forteresse importante qui était la clef de la Mésopotamie. Quoiqu’elle fût d’un abord difficile

CDXL.
Par sa situation élevée, on l’avait fortifiée de tous côtés d’une triple enceinte de murailles garnies de hautes tours.

Nisibe arrêta les Romains sous ses murs pendant toute la campagne ; mais enfin, elle ne put tenir contre une attaque imprévue et nocturne de Luculius, et cette place devint désormais le boulevard de la domination romaine du côté de la Mésopotamie.

Mithridate, rentré, dans le Pont après la bataille d’Arsanias, remporta en personne deux avantages successifs sur Fabius, lieutenant de Lucullus. Dans la dernière de ces deux actions, le roi fut atteint de deux pierres, dont l’une le blessa au genou ; par l’autre

CDXLI.
Ayant le pied démis,