Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/486

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Clodius se retira en Pisidie auprès de Q. Marcius Rex, son autre beau-frère. Son éloignement ne guérit pas le mal : dès que les soldats apprirent qu’Acilius Glabrion venait de débarquer en Asie, avec la mission de remplacer Lucullus, ce fut chez eux une joie universelle.

cdxlvii.

Les légions Valériennes, assurées qu’en vertu de la loi Gabinia la Bithynie et le Pont étaient donnés au consul, soutiennent qu’elles ont leur congé.

Alors, se prétendant dégagés de tout serment envers Lucullus, elles lèvent leurs aigles et sortent des rangs. Il fallut l’intercession du reste de l’armée pour arrêter cette désertion. Lucullus se dirige vers le Pont ; mais, après avoir perdu un temps précieux devant Talaure, apprenant que Tigrane ravage impunément la Cappadoce, il se met à sa poursuite : en route, les légions fimbrianes désertèrent tout de bon.

cdxlviii.

Alors Lucullus, apprenant que le proconsul Q. Marcius Rex traversait la Lycaonie avec trois légions pour se rendre en Cilicie,

crut que la fortune lui amenait exprès ce général, qui était aussi son beau-frère, pour le tirer d’un embarras si fâcheux. Il lui demanda de lui prêter ses légions ; mais Marcius refusa. Lucullus n’eut alors d’autre ressource que de se fortifier dans un poste avantageux, en attendant l’arrivée de Glabrion, auquel il devait remettre le commandement. Ce fut alors que le tribun Manilius proposa d’ajouter aux attributions confiées par la loi Gabinia à Pompée le commandement de tout l’Orient, et de la guerre contre les deux rois. Ce projet fut combattu par Catulus et par Hortensius. Dans cette occasion,

cdxlix.

Cicéron donna carrière à son éloquence hargneuse, comme disait Appius,

et appuya de toutes ses forces la proposition qui fut adoptée. Pompée eut ainsi la facile mission de recommencer, sur des ennemis accablés, ces victoires que Lucullus avait, à si grand’peine, remportées, mais dont il avait eu le malheur de laisser perdre les fruits.