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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/503

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agitation pour avoir été confiée à ta garde. Mais, à mon avis, ce qui te rend encore plus glorieux, c’est sans doute d’avoir après ton consulat, et à l’aide de ta femme Terentia, sauvé la république, lorsque, rendant chez vous des arrêts fondés sur la loi Plautia, vous condamniez les conjurés, les uns à des amendes, les autres à la mort, lorsque vous exigiez que tel vous fît bâtir une villa à Tusculum ou à Pompéies, que tel autre vous donnât un palais. Malheur à quiconque se trouvait dans l’impuissance de te satisfaire ! Livré aux tribunaux, il avait assiégé ta maison ou conspiré contre le sénat ; tu avais au besoin et à l’instant même des preuves toutes prêtes. Si mes allégations sont fausses, rends-nous tes comptes ; dis-nous de quel patrimoine tu as hérité, de combien il s’est accru par les procès que tu as eus, avec quel argent tu as acheté ta maison, et fait construire de si beaux palais à Tusculum et à Pompéies ? Si tu gardes le silence, qui pourra douter que ton immense fortune ne soit le prix du sang et des dépouilles de tes concitoyens ? Mais, si je ne me trompe, l’homme nouveau d’Arpinum, cet allié de la famille de Marius, imitant les vertus de ses ancêtres, se rit de la haine des grands, ne se laisse emporter ni par la crainte ni par la faveur, et n’a d’affection que pour le peuple romain ; il ne connaît que l’aminé et la vertu. Non, il n’en est point ainsi : c’est l’homme le plus léger, souple devant ses ennemis, fier devant ses amis, tantôt d’un parti, tantôt d’un autre, infidèle à chacun ; sénateur sans dignité, avocat mercenaire, n’ayant aucune partie de son corps qui ne soit souillée : sa langue est l’organe du mensonge, ses mains sont rapaces, ses