Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à prendre : renoncer à notre sujet, ou le traiter en suivant l’histoire. C’est le dernier que nous avons choisi par amour pour l’Égypte et la France. Mais, en dégageant notre poëme de tous les accessoires de l’antique épopée, il ne fallait ni copier servilement l’histoire en gazetier, ni la tronquer par des licences poétiques : entre ces deux écueils était une route à suivre, étroite, mais encore belle ; nos juges décideront si nous nous en sommes écartés.

Dans une époque où tant de liberté est donnée aux travaux de l’imagination, on nous pardonnera peut-être d’avoir fait un poëme qui ne rentre dans aucune des catégories inventées dans les écoles. Si les anciens rhéteurs eussent pu soupçonner qu’un jour une armée française combattrait aux Pyramides, à Thèbes, au Thabor, avec de la mitraille et des baïonnettes, sous les ordres d’un Agamemnon de trente ans, nul doute que le cas ayant été prévu, les théories ne nous auraient pas manqué pour faire, selon les règles, un poëme militaire sans fable, sans merveilleux, sans amour. À défaut de ces théories, il a fallu inventer des formes en harmonie avec un sujet tout neuf.

Mais, tout en conservant l’intégrité de l’histoire dans ce qui touche spécialement l’armée française, nous nous sommes emparés des incidens qui ressortaient de la nature du sujet, des mœurs et des hommes de l’É-