Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/90

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74 OEUVRES

tesmoigner que vous lavez oublié. Et, en effet, vous devriez desja l'avoir fait ; et pour moy j'attendois cela de vous, et je ne puis assez m'estonner de vous trouver si foible en une chose si peu importante. »

Je luy dis qu'une des choses qui me tenoient le plus au cœur la dedans estoit le scrupule où j'estois d'avoir mal employé mon bien, lorsqu'il estoit en ma disposi- tion, avant fait quelques donations qui auroient peu eslre distribuées avec plus de charité. Et quoy que je pen- sasse alors avoir suffisamment pour cela et le reste que je me proposois, je craignois beaucoup d'estre coulpable de précipitation.

« Je ne croys pas, me dit-elle, que quand les choses seroient encore en vostre disposition, vous puissiez, en conscience, vous dispenser de faire ce que vous avez fait dans les circonstances de la chose. Vous sçavez bien que vous avez regardé Dieu en cela, et le bien de cette personne, et que ce n*a pas esté par ambition pour le faire grand et luy donner de Tesclat dans le monde : cela ne luy en donne pas le moyen, puisqu'avec cela mesme il ne luy en reste pas encore assez pour >i>Te comme les autres de sa condition. Sur quoy donc fondez vous la crainte que vous avez de Tavoir mal employé? Que pou>"iez-vous faire de moins ? Mais je vous diray plus : car quand il seroit "STay que ce que vous luy avez donné ne ser^iroit à présent qu'à l'entretenir dans la vanité, je crois que vous n'auriez pas deu, selon Dieu, laisser de faire ce que vous avez fait ' . puisque vous l'eus- siez choqué et luy eussiez fait grand tort, je dis pour sa conscience, d'en user autrement.

��I. Dexiiième Recueil Gaiier : puis quà moins de cela.

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