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LES CINQ PROPOSITIONS D ARNAULD 80

II. — L’AFFAIRE DE SAINT-SULPICE.

Sur ces entrefaites, survint l’affaire de Saint-Sulpice. Un prêtre de cette paroisse, l’abbé Picoté, approuvé par son ancien curé, l’abbé Ollier, le célèbre fondateur du séminaire, et par quelques docteurs de Sorbonne, avait refusé l’absolution à son pénitent le duc de Liancourt ; les deux ecclésiastiques lui avaient même fait entendre que la communion lui serait refusée publiquement, s’il se présentait pour la recevoir. Le duc de Liancourt, qui était de grande piété, se défendait d’être « Janséniste » ; mais il était lié avec les Messieurs de Port-Royal, et il ne voulait pas promettre de ne plus y aller ; il faisait élever sa petite-fille dans ce monastère ; il gardait enfin chez lui l’abbé de Bourzeis, auteur d’un ouvrage intitulé : Saint Augustin victorieux de Calvin et de Molina, ou refutation d’un livre intitulé Le secret de Jansénisme, etc. Paris, 1652. L’affaire qui se termina bientôt à l’entière satisfaction du duc de Liancourt était devenue publique. Un libelle de Péan de la Groullardière en profitait pour traiter ouvertement les Jansénistes d’hérétiques. Arnauld estima qu’il y avait là une première tentative faite pour le rejeter, lui et ses amis, hors de l’Église, et pour les traiter en excommuniés. Le 24 février 1655, parut, signée de lui et colportée par les rues, la Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de condition : sur ce qui est arrivé depuis peu, dans une Parroisse de Paris, à un Seigneur de la Cour, 29 pages in-4o. Nous n’en citerons que la déclaration suivante qui domine le débat, et qui exprime avec une netteté remarquable la pensée d’ Arnauld.

p. 20 « S’ils avoient daigné s’informer de la foy et de la doctrine de ces personnes, qu’ils persecutent avec une animosité si peu Chrestienne, ils auroient appris, qu’ils sont bien esloignez d’estre tombez en quelque erreur, puisque d’une part ils condamnent sincerement les cinq Propositions, que le Pape a censurées, en quelque livre qu’on les puisse trouver sans excep-