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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/243

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LETTRE DE MERE A PASCAL 223

connoissoit l'espace des lieux que par les corps qui les occupoient, ni l'espace du temps que par la durée de chaque chose. Car il soutient que si l'on ostoit tous les corps qui sont entre Paris et Madrid ces deux villes se toucheroient, et, chose étrange, qu'elles se toucheroient sans s'estre approchées ; car elles se toucheroient, dit-il, puis qu'il n'y auroit rien qui les séparât, et se touche- roient sans s'estre approchées, puis qu'elles seroient en- core dans le même endroit ^ Mais sans m'arrester à le con- vaincre de cette erreur, sçachez que c'est dans ce Monde invisible et d'une étendue infinie, qu'on peut découvrir les raisons et les principes des choses, les veritez les plus cachées, les convenances, les justesses, les proportions, les vrais originaux et les parfaites idées de tout ce qu'on cherche.

I. Cf. Les Principes de la Philosophie (trad. Picot), part. II, § i8 : « C'est pourquoy, si on nous demande ce qui arriveroit, en cas que Dieu ostast tout le corps qui est dans un vase sans qu'il permist qu'il en rentrast d'autre, nous répondrons que les coslez de ce vase se trou- veraient si proches qu'ils se toucheraient immédiatement. Car il faut que deux corps s'entre-touchent lorsqu'il n'y a rien entr'eux deux... »

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