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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/245

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décembre 1696 : « Je vous remercie bien fort... de l’histoire de l’estimation des partis du jeu, où vous avez oublié de médire le nom de ce gentilhomme Poitevin, grand joueur, qui s’avise de cette pensée mathématique. En elTect la plupart des jeux pourroient donner occasion à des pensées solides, et je souhoi- terois les veues de ce Poitevin à d’autres joueurs » (Die philosophischen Schriften, édition Gerhardt, T. VII, p. 45 1). Depuis, Leibniz ne manquera guère l’occasion, lorsqu’il fait allusion au calcul des probabilités, de mentionner « le chevalier de Méré, dont les Agrémens et autres ouvrages ont esté imprimés, homme d’un esprit pénétrant et qui estoit joueur et Philosophe » (Nouveaux Essais sur VEntendement humain, 170/i, liv. IV, ch. XVI, § 9 ; cf. Lettre à Bourguet, du 22 mars 1714, édition citée, T. 111, p. 670). On comprend donc que la lettre à Pascal ait piqué la curiosité de Leibniz : « J’ay presque ri, écrit-il, des airs que M. le chevalier de Méré s’est donné dans sa lettre à M. Pascal que M. Bayle rapporte au même article [Zenon V Épicurien]. Mais je vois que le Chevalier savoit, que ce grand Génie avoit ses inégalités, qui le rendoient quelquesfois trop susceptible aux impressions des spiritualistes outrés, et le dégoûtoient même par intervalles des connoissances solides : ce qu’on a vu arriver depuis, mais sans retour, à Messieurs Stenonis et Swammerdam, faute d’avoir joint la Métaphysique véritable à la Physique et aux Mathématiques. M. de Méré en profitoit pour parler de haut en bas à M. Pascal. Il semble qu’il se moque un peu, comme font les gens du monde, qui ont beaucoup d’esprit et un savoir médiocre. Ils voudroient nous persuader que ce qu’ils n’en- tendent pas assez, est peu de chose, il auroit fallu l’envoyer à l’école chez M. Roberval. Il est vray cependant que le Chevalier avoit quelque génie extraordinaire, même pour les Mathématiques ; et j’ay appris de M. des Billettes, ami de M. Pascal, excellent dans les Méchaniques, ce que c’est que cette découverte, dont le Chevalier se vante icy dans sa lettre. C’est, qu’estant grand joueur, il donna les premières ouvertures sur l’estime des paris; ce qui fit naître les belles pensées de Aléa,