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Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/277

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SEIZIÈME PROVINCIALE


ser, pourquoy anroient-elles pris pour le principal objet de leur pieté ce Sacrement qu'elles auroient en abomination? Pourquoy auroient-elles joint à leur regle l'institution du S. Sacrement ?¹ Pourquoy auroient-elles pris l'habit du S. Sacrement; pris le nom de filles du S. Sacrement: appellé leur Eglise, l'Eglise du S. Sacrement ? Pourquoy auroient-elles demandé et obtenu de Rome la confirmation de cette institution, et le pouvoir de dire tous les jeudys l'office du S. Sacrement, où la foy de l'Eglise est si parfaitement exprimée, si elles avoient conjuré avec Genéve d'abolir cette foy de l'Eglise². Pourquoy se seroient-elles obligées par une devotion particuliere approuvée aussi par le Pape, d'avoir sans cesse nuit et jour des Religieuses en presence de cette sainte hostie, pour reparer par leurs adorations perpetuelles envers ce sacrifice perpetuel l'impieté de l'heresie qui l'a voulu aneantir? Dites-moy donc, mes Peres, si vous le pouvez, pourquoy de tous les mysteres de nostre religion elles auroient laissé ceux qu'elles croyent, pour choisir celuy qu'elles ne croyroient pas? Et pourquoy elles se seroient devoüées d'une maniere si pleine et si entiere à ce mystere de nostre foy, si elles le prenoient, comme les heretiques, pour le mystere d'iniquité? Que répondez³ vous, mes Peres, à des témoignages si evi-

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1. Cf. la lettre de Jacqueline du 24 octobre 1656, supra p. 76 et la note.

2. Cf. ce même raisonnement dans la Lettre d'Arnauld à un duc et pair, supra p. 250.

3. W. mussitabilis.