Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

terme si chocquant et si méprisant, que l’Assemblée du Clergé, qui n’a pas eu d’ailleurs trop de zèle pour les interests de l’Episcopat, l’a changé dans la version qu’elle a faite de la Bulle, où l’on a reformé cette période comme on a pu. Mais ils n’ont pas relevé par là l’honneur de leur caractère, qui demeure flétry dans l’original et dans le latin mesme qu’ils rapportent. De sorte que cette cor- rection ne rend que plus visible l’outrage qui a esté fait à leur dignité, et la foiblesse qu’ils ont témoignée en le souffrant.

En voulez-vous d’autres ? Que direz-vous de ce que le Pape ne se contente pas de défendre d’écrire, de prescher, et de rien dire de contraire à ses décisions, comme on reconnoist qu’il en a le pouvoir par le rang suprême qu’il tient dans l’Eglise : mais il veut aller au delà, et nous imposer de croire ce qu’il a décidé luy seul, Teneant^ : et c’est ce que nous ne pourrions reconnoistre, sans confesser que nous et nos Rois sommes ses sujets dans le temporel mesme ; puisque leurs Balles déclarent nettement que c’est une hérésie de dire le contraire : Aliter sentientes hœreticos reputamus, disoit Boniface VIII. à nostre Roy Philippe le Bel. Il est donc sans doute que si nous tenons le Pape pour infaillible, il faut que nous nous déclarions pour ses esclaves, ou que nous passions pour hérétiques ; puisque nous résisterions à une autorité infaillible. Aussi jamais l’Eglise n’a reconnu cette infaillibilité dans le Pape, mais seulement dans le Concile universel, auquel on a toujours appelle des jugemens injustes des Papes. Et au lieu que pour établir leur souveraine domination ils ont souvent entrepris de traiter comme hérétiques ceux qui

I. Cf. le Mémoire cité supra p. 189. — L’argument se trouvait déjà dans le mémoire adressé au Parlement par Arnauld, en avril 1667.