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322 ŒUVRES

nestes esgaremens des Pharisiens hypocrites et des Prestres superhes de la Synagogue. Et c'est enfin ce que l'Escriture nous représente généralement, lors que faisant la description de ces faux Docteurs, qui appellent divines les choses qui sont diaboliques, comme les Casuistes font aujourd'huy de leur mo- rale, elle dit dans la Sagesse chap. i4. qu'ils don- nent aussi le nom de paix à un renversement si dé- plorable. L'égarement des hommes, dit le Sage\ va jusqu'à cet excès qu'ils donnent le nom incommuni- cable de la Divinité, à ce qui nen a pas l'essence, pour flatter les inclinations des hommes, et se rendre com- plaisans aux volontez des Princes et des Roy s, et ne se contentans pas d'errer ainsi touchant les choses di- vines, et de vivre dans cette erreur qui est une vérita- ble guerre, ils appellent paix un estât si remply de trou- bles et de desordres. In magno viventes inscientise bello tôt et tanta mala pacem appellant.

C'est donc une vérité capitale de nostre Religion, qu'il y a des temps oii il faut troubler cette posses- sion de l'erreur que les meschans appellent paix et on n'en peut douter, après tant d'authoritez qui le confirment. Or s il y en eut jamais une occasion et une nécessité indispensable, examinons si ce n'est pas

I. Sap. XIV, 21-2 2 : Et hœc fuit vitae humanœ deceptio : quoniam aut affectai, aut regibus deservientes homines incommunicabile nomen lapidibus et lignis imposuerunt. Et non suffecerat errasse eos circa Dei scientiam,sed et in magno viventes inscientiœ bello, tôt et tam magna mala pacem appellant. — Cf. Pensées, fr. 984, T. III, p. 874. « Qui eust dit à vos généraux qu'un temps estoit si proche qu'ils donneroient ces mœurs à l'Eglise universelle et appelleroient guerre le refus de ces desordres : Tôt et tanta mala pacem ? »

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