Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/374

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pas quitté les sentimens de l'Eglise ; au lieu que l'in- tention des hérétiques est de faire croire que c'est avec raison qu'ils ont quitté les sentimens de l'Eglise. Mais encore qu'il soit véritable qu'ils ont en cela des fins bien différentes, il est vray neantmoins que leurs prétentions sont pareilles, et que le démon se sert de l'attache que les uns et les autres ont pour leurs divers interests, afin d'unir leurs efforts contre l'Eglise, et de les fortifier les uns par les autres dans le dessein qu'ils ont tous de persuader que l'Eglise est dans ces maximes. Car comme les Calvinistes se servent des escrits des Jésuites pour le prouver en cette sorte : Il faut bien, disent-ils, que ces opinions soient celles de l'Eglise, puisque le corps entier des Jésuites les soustient; de mesme les Jésuites se servent à leur tour des écrits de ces hérétiques pour prouver la mesme chose en celte sorte : Il faut bien, disent-ils, que ces opinions soient celles de l'Eglise puisque les hérétiques qui sont ses ennemis les com- battent. C'est ce qu'ils disent dans des escrits entiers qu'ils ont faits sur ce sujet. Et ainsi on voit par un prodige horrible que ces deux corps quoy qu'ennemis entr'eux, se soustiennent réciproquement et se don- nent la main l'un à l'autre pour engager l'Eglise dans la corruption des Casuistes ; ce qui est une fausseté d'une conséquence effroyable, puisque si Dieu souf- froit que l'abomination fust ainsi en effet dans le Sanctuaire, il arriveroit tout ensemble et que les hérétiques n'y rentreroient jamais, et que les Catho- liques s'y pervertiroient tous, et qu'ainsi il n'y auroit

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