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ŒUVRES

que 22. ans apres. Mais la maniere dont il s’y prit destruisit sa pretention, et fit voir trop clairement qu’il n’avoit point de part de luy-mesme à cette invention. Car l’enonciation qu’il envoya, et qu’il vouloit faire passer pour sienne, estoit accompagnée de celle de Monsieur de Roberval, dont elle ne differoit que de termes, comme qui diroit, le rectangle de la base et de la hauteur, au lieu de dire, le double de l’espace du Triangle. Et il reconnoissoit, dans la mesme lettre, qu’une autre enonciation qu’il avoit donnée auparavant estoit fausse ; mais qu’il s’asseuroit que cette derniere estoit veritable par cette raison qu’elle estoit conforme à celle de Monsieur de Roberval.

Ce discours fit juger le contraire de ce qu’il vouloit, puis que, s’il eust eu en main des methodes et des demonstrations Geometriques de la verité, ce n’eust pas esté par cette conformité qu’il se fust asseuré de sa solution, mais qu’il en eust jugé plutost, et de celle de Monsieur de Roberval mesme, par ses propres preuves. On connut donc qu’il n’avoit en cela de lumiere qu’empruntée ; et ainsi on s’etonna de la priere qu’il faisoit en mesme temps, qu’on s’asseurast et qu’on creust sur sa parole qu’il estoit arrivé à cette connoissance de soy-mesme, et par la seule balance d’Archimede. À quoy on respondit que son enonciation estoit veritable et tres conforme à celle de Monsieur de Roberval ; mais qu’il estoit bon qu’il envoyast ses methodes pour voir si elles estoient differentes.