Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/266

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parce qu’il est de son ordre de les vouloir, et que l’ordre de l’homme est de ne les pas vouloir ; et n’est-il pas de notre ordre de vouloir ce qui, sans doute, aurait contribué au salut d’un grand nombre de personnes ?

Je sais bien qu’il y a un de MM. vos approbateurs qui nous donne une consolation bien facile, si elle était solide, en pré tendant que la brièveté de ces fragments est plus lumineuse que n’aurait été le discours entier et étendu. Pour moi, je vous avoue que je n’ai pas assez de pénétration d’esprit pour me contenter de ces discours abrégés, quoique je les trouve tous admirables. Néanmoins ceux qu’il étend davantage font une impression tout autre sur moi, et je juge par là de ce qu’a mai t été l’ouvrage entier d’une main dont les premiers traits ont déjà tant de beauté. Je reconnaîtrais néanmoins ma faiblesse et me soumettrais volontiers et humblement au sentiment de M. de Pùbeyran, si je ne voyais d’autres personnes plus spirituelles que moi qui n’entrent pas dans sa pensée et qui se mettent presque en colère contre lui. Ceux qui ont un amour particulier pour la doctrine de la grâce, doivent re gretter encore plus que les autres que cet ouvrage n’ait pas été achevé. Car il est aisé de juger que les fondements en au raient été établis sur la ruine du pélagianisme et de toutes ses branches.

Je m’étends, Monsieur, plus que je n’avais prétendu ; et je ferais volontiers l’éloge de M. Pascal au lieu de simples remerciements que je prétendais vous faire. Mais mon papier m’avertit ou que j’ai mal pris mes mesures ou que j’ai eu tort de m’étendre si fort, contre mon premier dessein. Quoi qu’il en soit, il faut finir, en vous suppliant de me continuer toujours l’honneur de votre amitié, dont le livre de Monsieur votre oncle me sera un gage perpétuel. Je vous supplie de vouloir assurer M. et M" le Périer de mes très humbles res pects et de la reconnaissance que j’ai du présent si cher et si précieux, du livre d’une personne avec qui ils ont encore plus d’union par les dons de l’esprit et de la grâce que par la proximité du sang. Je sais bien que c’était à Monsieur votre père que je devais adresser le remerciement, mais il me par donnera bien d’avoir pris cette occasion d’écrire à un ancien camarade. Quoi qu’il en soit, si c’est une faute, elle est faite pour l’amour de vous ; c’est à vous à l’excuser ouà la porter.