Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/288

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dance apparente, par ie courage des apôtres qui se font mar tyriser pour le Christ qu’ils ont vu ressuscité, l’humilité qui rebute « les grands de chair », la simplicité qui scandalise « les esprit curieux », en fourniraient autant de marques à la fois indéfinissables et irrésistibles.

Section XIII. Les Miracles.

La justification de la doctrine chrétienne, la confirma tïon de sa « duplicité » intrinsèque par l’ambiguïté essentielle à l’histoire de la religion, permettent l’interprétation des mira cles, qui devait être, dans l’Apologie de Pascal, le centre auquel tout se rapporterait. Les miracles sont extérieurement, pour le corps et pour la foule, l’image de ce qu’est la grâce dans l’intimité de l’âme individuelle. Par les miracles Dieu rassure ses élus, calme pour un temps ce tremblement perpétuel qui est l’état du vrai chrétien : en même temps il s’impose par le prestige de la force matérielle à ceux qui n’ont pas la foi, il leur donne un avertissement solennel qui leur présage leur condamnation définitive, ou qui prépare leur conversion. Aussi les miracles sont-ils le fondement de la foi ; c’est d’eux que Jésus-Christ se réclame, c’est par eux que ceux qui n’ont pas cru en lui demeurent sans excuse. — Mais il y a de faux miracles. — Il doit y en avoir de faux afin que la foi demeure ambiguë, et que le départ se fasse entre l’esprit de charité et la dureté de cœur. Matériellement les vrais miracles n’ont rien qui les distingue des faux ; mais ils portent à Dieu, et les autres en détournent. Ainsi les faux miracles, au temps de Jésus-Christ, ont confirmé la religion qui les avait prédits : la doctrine, qui n’était pas douteuse alors, a discerné les miracles. Depuis, la règle a changé : l’hérésie ayant rendu la doctrine douteuse, les miracles ont servi à discerner la doc trine ; jamais miracle ne s’est produit en faveur des schisma tiques ou des hérétiques ; Dieu est intervenu « dans la contention du vrai bien » pour le salut de l’Église. C’est cette règle qu’il faut appliquer au miracle de la Sainte-Epine. Il est bien vrai, comme le disent les Jésuites, qu’en général depuis l’établissement du christianisme il ne se produit plus de miracles ; mais plus rare est la manifestation de la volonté