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Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/147

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IV

Comment mon oncle se fit passer pour le Juif-Errant, et ce qu’il en advint.


Cependant ma grand’mère avait mis sa robe de soie gorge-pigeon, qu’elle ne tirait de son tiroir que le jour des grandes fêtes solennelles de l’année ; elle avait attaché sur son bonnet rond, en guise de bandeau, le plus beau de ses rubans, un ruban rouge-cerise qui était large comme la main et au delà ; elle avait apprêté son mantelet de taffetas noir bordé d’une dentelle de même couleur, et elle avait tiré de son étui son manchon neuf de poil de loup-cervier, cadeau que Benjamin lui avait fait le jour de sa fête et qu’il devait encore au fournisseur. Quand elle fut ainsi attifée, elle ordonna à un de ses enfants d’aller quérir l’âne de M. Durand, un beau bourriquet qui, à la dernière foire de Billy, avait coûté trois pistoles et se louait trente-six deniers de plus que le vulgaire des ânes.

Puis elle appela Benjamin. Quand celui-ci descendit, l’âne de