Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/70

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de la littérature ; il n’est pas non plus un de ces traîneurs d’idées qui ont remplacé aujourd’hui les traîneurs de sabre, qui jettent chaque matin leurs banales, leurs vaines rêveries, comme le fumier qu’on met dans la rue pour endormir les gens. Non, chez lui, autant de mots, autant de pensées ; autant de pensées, autant d’effets ! il pense ce qu’il dit, et il veut ce qu’il pense. La bouche, selon l’Évangile, parle toujours de l’abondance du cœur.

Toute sa poétique s’explique clairement, du reste, dans ce passage du Cornélius, à propos de ces vers d’Athalie :

Eh quoi ! Mathan, d’un prêtre est ce la le langage ?
Moi, nourri dans la guerre aux horreurs du carnage,
Des vengeances des rois ministre rigoureux
C’est moi qui prête ici ma voix aux malheureux !


« — Qu’est-ce que veut dire ce latin, monsieur Guillerand ? dit le fermier.

« — Du latin ! vous plaisantez, monsieur Belle-Plante. Quoi ! vous êtes dans votre maison et vous ne vous reconnaissez point ! Ce n’est pas l’embarras, ce n’est pas votre faute : il y a de fait deux langues en France, l’une pour nous autres hommes lettrés et l’autre pour la tourbe des indigènes. Mais la vérité est que ce sont des vers français, et des magnifiques, encore. Je donnerais

ma vigne des Chaumes pour en avoir fait un hémistiche

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mais, que trouvez-vous donc à redire à ces vers ?

« — Il y a trop de paroles pour une idée, monsieur Guillerand, et ces paroles sont trop magnifiques pour une idée assez