Page:Œuvres de C. Tillier - IV.djvu/14

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Jésus-Christ trafiquait de ses propres commandements ; qu’elle n’avait fait le Carême si rigoureux que pour vendre à un plus grand nombre l’autorisation de s’en affranchir. Du reste, en agissant ainsi, l’Eglise eût mis la religion à la merci des évêques et livré ses commandements au pillage. Voici, par exemple, M. Dufêtre qui nous vend aujourd’hui, au profit de ses établissements diocésains dans le besoin, la permission de faire gras ce Carême… Mais, demain, s’il vient, pour ces établissements, une recrudescence de besoins ; si un grand mur s’écroule au séminaire ; si les ouragans de l’équinoxe emportent la toiture d’une ses écoles, qui empêchera que notre vertueux évêque, inspiré par ce qu’il y a en lui de saint Vincent de Paule, ne s’arrange avec nous des Quatre-Temps, et ne finisse par nous vendre le vendredi lui-même, quand il n’aura plus d’autre ressource.

Je ne conteste pas à l’Eglise le droit de permettre, à certains de ses enfants, de déjeûner, pendant le Carême, avec du lait, et de dîner avec de la viande ; mais, cette permission, elle ne saurait en faire un objet de commerce ; elle ne l’accorde qu’à des chrétiens auxquels leur âge, leurs infirmités ou les exigences de leur position rendraient l’observation du carême impossible. Cependant, comme toute pénitence est un châtiment, et qu’en définitive, il faut que justice se fasse, ce qu’ils ne peuvent payer à Dieu de leur corps, elle les astreint à le payer aux pauvres de leur bourse. C’est ainsi qu’un juge éclairé et indulgent convertit, pour certains, la peine de la prison en celle de l’amende. Voilà en quoi consiste ce droit d’affranchissement que l’Église a conféré aux évêques, et qu’ils s’adjugent, eux, sans réserve aucune. Quand M. Dufêtre relève tout le diocèse en masse du cinquième commandement de l’Eglise, il ressemble à un conseil de révision qui s’aviserait, parce qu’il a le droit d’exempter du service militaire les bossus, les aveugles et les boiteux, d’en exempter tout le contingent. Pour moi qui ne suis ni docteur, ni théologien, je n’ergote pas avec les saintes Ecritures. Ce que Dieu a dit est dit, et ce qu’il a inspiré est inspiré ; il n’y a