Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sont impuissants, impuissante est la ruse. De grâce, épargne-moi ; que je n'aie point la honte de devenir la fable des plaisants, qui riraient du peu de succès du maître.


ÉLÉGIE V

Je faisais le brave, je me vantais de pouvoir supporter une rupture ; et voilà que la gloire du courage m'échappe. Je suis plus agité que le sabot, qui, poursuivi par le fouet sur un sol uni, tourne rapidement au gré d'un enfant habile à ce jeu. Désole, tourmente un amant superbe, pour le guérir de la fantaisie des discours présomptueux ; dompte son langage farouche. Ou plutôt épargne-moi ; je t'en conjure par la couche qui reçut nos furtifs serments, par Vénus, par nos baisers. Quand une maladie cruelle t'enchaînait sur ton lit, c'est moi dont les voeux t'arrachèrent au trépas. Trois fois je promenai moi-même autour de toi le soufre purificateur, après qu'une vieille eut chanté ses vers magiques ; moi-même je pris soin d'empêcher les Songes funestes de te nuire, en leur offrant à trois reprises un pieux tribut de farine et de sel. Moi-même, voilé de lin, et la tunique flottante, j'invoquai neuf fois Hécate dans le silence de la nuit. Aujourd'hui que j'ai acquitté tous mes voeux, un autre possède ton coeur, et jouit, dans l'ivresse