Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur toi un sort dans le silence de la nuit ? Les chants magiques attirent la moisson du voisin ; ils arrêtent dans sa marche le serpent irrité ; ils essayent même d'arracher la Lune de son char, et en viendraient à bout sans le retentissement de l'airain sous la main qui le frappe. Mais pourquoi accuser de ton malheur les enchantements et les herbes ? La beauté n'a pas besoin d'appeler la magie à son secours. Ce qui te nuit, c'est de l'avoir touchée, c'est de lui avoir donné de longs baisers, c'est d'avoir enlacé tes genoux dans les siens.

Et toi, Pholoé, garde-toi de traiter ton jeune amant avec rigueur ; Vénus punit les orgueilleux dédains. Ne lui demande pas de présents. C'est à l'amoureux en cheveux blancs de te donner de l'or, pour que tu réchauffes mollement contre ton sein ses membres glacés. Mieux vaut cent fois que l'or l'adolescent dont les tendres joues brillent d'un doux éclat, et dont la barbe sans rudesse ne déchire point la beauté qu'il embrasse. Passe au-dessous de ses épaules tes bras d'ivoire, et méprise les trésors des rois. Vénus te verra l'accueillir furtivement sur ton sein, tandis que, aiguillonné par le désir, il se confondra tendrement avec toi : elle te verra attacher sur sa bouche haletante de ces humides baisers où les langues s'entrechoquent,