Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/175

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et lui imprimer avec la dent sur le cou des marques d'amour. Les pierreries et les perles sont inutiles à celle qui, par le froid, est condamnée à dormir seule et ne doit exciter les désirs d'aucun homme. Hélas ! il est trop tard pour rappeler l'amour, pour rappeler la jeunesse, quand la blanche vieillesse a flétri une tête chargée d'années. Alors on regrette sa beauté ; pour dissimuler les ravages du temps, on se teint la chevelure avec l'écorce verte de la noix. Alors on a soin d'arracher les cheveux blanchis, d'effacer ses rides et de se faire un jeune visage. Pour toi, tandis que ton printemps est dans sa fleur, hâte-toi d'en jouir : il fuit à pas précipités. Ne désespère point Marathus : quelle gloire y a-t-il à vaincre un enfant ? C'est pour le vieillard caduc qu'il faut réserver tes rigueurs : de grâce, épargne un jouvenceau. Ce n'est point la maladie, mais l'excès de son amour qui a flétri son teint. L'infortuné ! combien de fois, en ton absence, n'a-t-il point exhalé sa douleur en plaintes amères, et versé des torrents de larmes ? D'où viennent ses mépris ? s'écrie-t-il ; je pouvais mettre en défaut la vigilance de ses gardiens. L'Amour enseigne lui-même aux amants à tromper. Je connais les jouissances furtives de Vénus ; je sais comprimer mon haleine, et ravir des baisers sans bruit. Je pourrais, malgré l'obscurité de la nuit, me glisser à