Je touche aux derniers[1] momens
De mes plus belles années ;
Et déjà de mon printemps
Toutes les fleurs sont fanées.
Je[2] regarde, et n’envisage
Pour mon arriere-saison,
Que le malheur d’être sage,
Et l’inutile avantage
De connoître la raison.
Autrefois mon ignorance
Me fournissoit des plaisirs ;
Les erreurs de l’Espérance
Faisoient naître mes désirs :
À présent l’Expérience
M’apprend que la jouissance
De nos biens les plus parfaits
Ne vaut pas l’impatience,
Ni l’ardeur de nos souhaits.
La Fortune à ma jeunesse
Offrit l’éclat des grandeurs :
Comme un autre avec souplesse
J’aurois brigué ses faveurs ;
Mais, sur le peu de mérite
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