Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/131

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qui n’a point été jointe à la haine. Cela même a fait aussi que les orifices du cœur se sont étrécis, à cause qu’ils ne reçoivent que peu de sang, et qu’une assez notable partie de ce sang est venue de la rate, à cause qu’elle est comme le dernier réservoir qui sert à en fournir au cœur lorsqu’il ne lui en vient pas assez d’ailleurs. C’est pourquoi les mouvements des esprits et des nerfs qui servent à étrécir ainsi les orifices du cœur et à y conduire du sang de la rate accompagnent toujours la tristesse.

Art. 111. Au désir.

Enfin, tous les premiers désirs que l’âme peut avoir eus lorsqu’elle était nouvellement jointe au corps ont été de recevoir les choses qui lui étaient convenables, et de repousser celles qui lui étaient nuisibles. Et ç’a été pour ces mêmes effets que les esprits ont commencé dès lors (411) à mouvoir tous les muscles et tous les organes des sens en toutes les façons qu’ils les peuvent mouvoir. Ce qui est cause que maintenant, lorsque l’âme désire quelque chose, tout le corps devient plus agile et plus disposé à se mouvoir qu’il n’a coutume d’être sans cela. Et lorsqu’il arrive d’ailleurs que le corps est ainsi disposé, cela rend les désirs de l’âme plus forts et plus ardents.

Art. 112.