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DISCOURS NEUVIÈME. 123

verre toute plate, à savoir l’intérieure qui regarde vers l’œil, si c’est I qui soit assez éloigné ; ou l’extérieure, si c’est V. Car lors une partie de l’objet de la grandeur de la prunelle pourra tenir lieu d’un seul point, à cause que son image n’occupera guère plus d’espace au fond de l’œil que l’extrémité de l’un des petits filets du nerf optique. Et même, il n’est pas besoin de se servir de verres différents à chaque fois qu’on veut regarder des objets un peu plus ou moins éloignés l’un que l’autre ; mais c’est assez pour l’usage d’en avoir deux, dont l’un soit proportionné à la moindre distance des choses qu’on a coutume de regarder, et l’autre à la plus grande ; ou même seulement d’en avoir un qui soit moyen entre ces deux. Car les yeux auxquels on les veut approprier, n’étant point tout-à-fait inflexibles, peuvent aisément assez changer leur figure pour l’accommoder à celle d’un tel verre.

Que si on veut, par le moyen aussi d’un seul verre, faire que les objets accessibles, c’est-à-dire ceux qu’on peut approcher de l’œil autant qu’on veut, paroissent beaucoup plus grands et se voient beaucoup plus distinctement que sans lunettes, le plus commode sera de faire celle des superficies de ce verre qui doit être tournée vers l’œil toute plate, et donner à l’autre la figure d’une hyperbole dont le point brûlant soit au lieu où on voudra